Un parc public est un espace beaucoup plus important que je ne pourrais le dire avec des mots. Un parc peut devenir le coeur d’un quartier lorsqu’il est habité par les gens du voisinage. Mais, un mauvais aménagement des lieux peut faire la différence entre un parc habité et un parc abandonné.
Un parc invitant
Il y a quelques jours, j'ai observé deux parcs de quartier par un soir de printemps. Alors qu'au petit matin, bien peu de choses différencient ces deux parcs, ce soir-là c'était bien différent! Le matin, dans les deux cas, il s'agit d'un vaste espace gazonné avec quelques structures pour permettre de jouer au baseball, au soccer/football, à la pétanque et au fer. Près de la rue, dans les deux parcs, il y a un petit édifice verrouillé d'un usage inconnu pour celui qui ne passe que dans la matinée. Ce n'est que cela, de la pelouse!
Et de soir maintenant, 21:15h environ...
Parc A. Les grands réverbères sont allumés, plus d'une cinquantaine de personnes du troisième âge habitent l'espace prévu pour jouer à la pétanque et au fer. De l'autre côté, des équipes de soccer/football composées de dizaines d'adolescents sont dirigés par des entraîneurs et des arbitres. Au centre, le bâtiment vitré est éclairé et semble inviter les gens à y entrer pour faire certaines activités.
Parc B. Les lumières sont éteintes, le parc est vide, le bâtiment est verrouillé, comme au petit matin!
Parc A |
Parc B |
Dans un cas, c'est un espace qui a une force d'attraction. Le lieu est beau, lumineux et semble être habité par des citoyens respectables qui ont du plaisir. Dans l'autre, le parc constitue un vaste espace sombre et peu rassurant pour une personne qui prend une marche dans les environs.
Pourtant, à première vue, ces deux parcs sont assez semblables! Mais, qu'est-ce qui peut bien faire la différence?
L’accès au parc
La lumière peut faire une différence dans l'attrait que peut avoir un parc en soirée mais, il n'y a pas que ça. Une fois que l'on est attiré par un bel espace, encore faut-il savoir comment y entrer!
L’aménagement de l’espace peut faire toute une différence dans le fait qu’un parc soit habité ou non. Une mauvaise configuration des frontières clôturées et des entrées dans le parc peut créer un malaise. Il ne suffit pas de mettre une porte pour que les gens entrent! Les habitants vont arriver par les voies de circulation courantes (lignes rouges) et vont nécessairement entrer à partir des carrefours habituels de circulation hors du parc (cercle rouge). Il faut donc analyser d’abord comment circulent les gens dans la ville avant de mettre une porte. L’inverse est aussi vrai, mettre une clôture (lignes grises) à un endroit où les gens circulent habituellement va finir par convaincre les citoyens de ne pas y aller, sauf pour quelques adolescents qui n’hésiteront pas à sauter par-dessus!
Dans le Parc A, on remarque plusieurs accès au parc (flèches vertes), dont des zones ouvertes, qui sont en harmonie avec les voies de circulation naturelle du quartier (lignes rouges).
Dans le Parc B, on peut entrer dans le parc sur une large zone à partir d’une seule voie de circulation courante (ligne rouge). Deux entrées sont situées à des extrémités où il n’y a généralement pas de circulation piétonnière.
Parc A |
Parc B |
La circulation dans le parc
Il ne suffit pas d’entrer dans un parc pour l’habiter, il faut pouvoir se sentir à sa place! Un parc vivant invite à venir s’y balader sans raison, simplement pour voir les gens, profiter de la brise du soir en été, avoir un endroit agréable où marcher. Ainsi, un parc ne doit pas être conçu uniquement pour des activités prédéfinies. Et pour cela, il faut plus que des terrains de baseball et de soccer/football! Il faut des sentiers, des chemins, des voies de circulation à l’intérieur du parc!
Dans le Parc A, on aperçoit un grand nombre de chemins asphaltés (lignes vertes) permettant d’accéder aux différents terrains de jeux. Ces voies piétonnières constituent aussi un réseau de circulation pour flâner, aller jeter un oeil sur les différentes activités en cours, avant d’aller prendre une pause sur un des bancs de parc.
Dans le Parc B, point de chemin. Et qui dit absence de chemin dit absence de citoyens. Et comme l’accès à ce parc se fait principalement par un seul côté, les clôtures et l’absence de chemin créent ensemble un “effet de gouffre”. Ainsi, personne n'ose s'aventurer à l'intérieur du parc.
Parc A |
Parc B |
On remarque aussi dans le Parc A qu’un réseau de voies de circulation piétonnière à l’intérieur du parc peut même engendrer des carrefours de circulation interne (cercles verts) qui amplifient l’effet de vitalité du parc pour ses citoyens.
Pour créer une communauté, il faut des personnes et que celles-ci soient en interaction. Pour que cette interaction se produise, il faut que ces personnes fréquentent régulièrement un même lieu! Et lorsqu'il n'y a aucun lieu dans un quartier pour jouer ce rôle, il n'y a pas de vie de quartier et ses habitants ne forment pas une communauté!
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