Garden at CEIFAR, Salvador, Bahia Brazil. |
Une vague de fond se lève en
matière d’agriculture urbaine et de nombreux jardins apparaissent un peu
partout autour de projets communautaires, éducatifs et environnementaux. Mais
le nombre de concepts pour définir les jardins se multiplie, de sorte qu’il est
difficile de s’y retrouver entre les termes « jardin communautaire »,
« jardin collectif » et « jardin partagé ». Tentons de clarifier
un peu ces termes.
Il faut dire qu’une longue liste
de termes pour classifier les jardins existe depuis des siècles pour les distinguer
les uns et autres selon différentes caractéristiques. Traditionnellement, on
distingue les jardins selon… Leur utilité: production, éducation, conservation,
recherche, décoration, spectacle, jardin d'agrément, jardin public, … Leur
emplacement: intérieur, cour intérieure, accessible, … Le style: jardin à la
française, jardin à l'anglaise, jardin à l'italienne, jardin chinois, jardin
japonais, ... Mais la nouvelle vague de termes émerge plutôt en fonction des
usages sociaux que l’on fait de ces jardins.
Interbay P-Patch community garden, Seattle, Washington. by Joe Mabel |
Disons d’emblée que tous les
jardins ont une valeur pour la communauté, même le jardin privé, qui incite le
jardinier à partager les surplus de ses récoltes avec ses voisins, ses amis et
sa parenté. Il s’agit d’un sujet de conversation qui rassemble plus d’un
amateur, le potager se cultive seul, en couple, en famille, entre voisins.
Ainsi, chaque type de jardin a ses avantages et ses défauts et chacun peut y
trouver son compte. Voici donc une description sommaire de différents types de
jardin afin de permettre de mieux les distinguer les uns des autres.
Jardin privé.
Commençons par le plus simple, le
jardin privé, qui permet à son propriétaire de cultiver lui-même les plantes
qu’il souhaite en fonction de ses désirs. Il peut aménager cet espace à sa
guise puisqu’il en est le seul responsable. Un jardin privé permet de cultiver
individuellement des plantes et d’en récolter les fruits pour le ménage de son
propriétaire.
Jardin partagé.
Un jardin partagé est une portion
de terrain qu’un propriétaire accepte d’offrir à d’autres personnes pour
qu’elles puissent la cultiver pour leurs propres besoins. Ce type d’initiative
permet de donner accès à un espace pour cultiver un potager à des personnes
n’ayant pas de terrain cultivable. Il existe des réseaux permettant de
mettre en lien les personnes acceptant de prêter une part de leur terrain et
celles qui désirent avoir accès à un espace de culture. En bout de ligne, il
s’agit d’une occasion intéressante de faire des rencontres entre personnes
d'un même quartier.
Parc public.
Un parc public, ou jardin public,
est un espace vert au cœur de la ville géré par l’administration municipale. Il
est conçu pour créer un lieu de verdure pour les habitants d’un quartier et
contient parfois des équipements pour permettre la pratique d’activités
sportives. On y retrouve généralement des arbres, de la pelouse, des bancs
publics, des platebandes fleuries et des modules de jeux pour les enfants. Par
contre, on n’y trouve généralement pas de culture potagère. Il s’agit d’un lieu
public permettant aux habitants d’un quartier de se croiser.
Garden at the KK Triangle |
Potager libre-service.
Le potager libre-service est une
catégorie à part, soutenue notamment par le mouvement des Incroyables comestibles
(Incredible edible),
qui consiste à planter des légumes et des plantes comestibles devant la maison
ou dans des pots déposés dans un lieu public, et d'inviter les citoyens à se
servir gratuitement de la production de ces plantes. Il s'agit généralement de
pots, de bacs ou de platebandes de petite taille, mais c'est par la
multiplication de ces initiatives que le mouvement peut engendrer des villes
qui offrent un vaste potager libre-service à ses citoyens. Ce geste consiste
donc à produire de petits espaces de culture potagère, chacun étant cultivé par
une ou quelques personnes, dans un espace ouvert avec une récolte libre et
partagée.
Jardin communautaire
Les jardins communautaires,
familiaux, ouvriers ou associatifs ont une longue histoire. Ils ont contribué à
créer des espaces de culture potagère au cœur des villes en des temps
difficiles. La forme et la gestion de ces espaces varient énormément selon les
jardins et les pratiques de chaque pays. On considère qu’un jardin
communautaire est généralement géré par une association à but non lucratif et
qu’il distribue de petits lots délimités à des familles. Chaque lot est cultivé
individuellement et chacun récolte sa propre production. Cette approche permet de cultiver des légumes frais à des personnes ne disposant pas d’un terrain et permet la rencontre entre les citoyens qui fréquentent le jardin.
Springfield Community Garden, Jacksonville, FL, U.S. |
Jardin collectif.
Les jardins collectifs se sont
particulièrement développés au cours de la dernière décennie. Un jardin
collectif est un espace commun de jardinage dont la culture est assurée
conjointement par un groupe d’individus. La récolte est généralement partagée entre
les participants qui contribuent aux soins du jardin durant tout l’été. La
gestion d’un jardin collectif est souvent soutenue par des organismes
communautaires, des écoles et des administrations municipales, qui mettent
l’espace à disposition pour un groupe de personnes. Plusieurs activités peuvent
se greffer à un tel jardin, notamment une mission d’éducation à l’horticulture
et une contribution à la sécurité alimentaire des habitants lorsque la récolte
est redistribuée à des organismes de bienfaisance.
Bidwell Community Garden |
Jardin de quartier.
Une nouvelle forme de jardin
commence à voir le jour pour agir comme vecteur du développement de la vie
d’une communauté, on peut la nommer « Jardin de quartier ». Un tel
jardin constitue un projet global au service des habitants d’un quartier. Il
vise à la fois à cultiver ensemble, à partager la production, à appuyer des
projets éducatifs, à soutenir la sécurité alimentaire des habitants du
quartier, tout en fournissant un environnement agréable qui contribue à la
réduction de la pollution atmosphérique, en fournissant des espaces d’ombre
pour lutter contre les îlots de chaleur urbains. Un jardin au cœur d’un
quartier qui donne envie de se promener, de rencontrer ses voisins, de cultiver
l’abondance. Bref, il s’agit d’un jardin qui rassemble de nombreuses
composantes et qui peut devenir un puissant outil de développement du lien
social au sein d’une communauté, un moyen pour créer le sentiment
d’appartenance et pour stimuler la vie de quartier.
L’émergence d’un jardin collectif
provient du désir d’un groupe de personnes à cultiver ensemble et de décider de
la distribution des récoltes, soit entre les participants, soit données à des
organismes ayant pour mission la sécurité alimentaire. Pour leur part, les
platebandes de plantes potagères à accès public embellissent un quartier et consolident
la notion de partage entre citoyens. Pour soutenir la formation du lien social
en sein d'une communauté, il est essentiel de créer des jardins au cœur du
milieu de vie des citoyens et de créer un environnement propice à la
participation de tous. Il faut s’inspirer de toutes ces initiatives et tirer
profits de chacune d’elles pour définir une solution spécifique à chaque
communauté, un jardin à l’image des habitants de chaque quartier.
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