17 juin 2013

Des jardins pour la communauté


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Garden at CEIFAR, Salvador, Bahia Brazil.
Une vague de fond se lève en matière d’agriculture urbaine et de nombreux jardins apparaissent un peu partout autour de projets communautaires, éducatifs et environnementaux. Mais le nombre de concepts pour définir les jardins se multiplie, de sorte qu’il est difficile de s’y retrouver entre les termes « jardin communautaire », « jardin collectif » et « jardin partagé ». Tentons de clarifier un peu ces termes.

Il faut dire qu’une longue liste de termes pour classifier les jardins existe depuis des siècles pour les distinguer les uns et autres selon différentes caractéristiques. Traditionnellement, on distingue les jardins selon… Leur utilité: production, éducation, conservation, recherche, décoration, spectacle, jardin d'agrément, jardin public, … Leur emplacement: intérieur, cour intérieure, accessible, … Le style: jardin à la française, jardin à l'anglaise, jardin à l'italienne, jardin chinois, jardin japonais, ... Mais la nouvelle vague de termes émerge plutôt en fonction des usages sociaux que l’on fait de ces jardins.

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Interbay P-Patch community garden, Seattle, Washington.
by Joe Mabel
Disons d’emblée que tous les jardins ont une valeur pour la communauté, même le jardin privé, qui incite le jardinier à partager les surplus de ses récoltes avec ses voisins, ses amis et sa parenté. Il s’agit d’un sujet de conversation qui rassemble plus d’un amateur, le potager se cultive seul, en couple, en famille, entre voisins. Ainsi, chaque type de jardin a ses avantages et ses défauts et chacun peut y trouver son compte. Voici donc une description sommaire de différents types de jardin afin de permettre de mieux les distinguer les uns des autres.

Jardin privé.
Commençons par le plus simple, le jardin privé, qui permet à son propriétaire de cultiver lui-même les plantes qu’il souhaite en fonction de ses désirs. Il peut aménager cet espace à sa guise puisqu’il en est le seul responsable. Un jardin privé permet de cultiver individuellement des plantes et d’en récolter les fruits pour le ménage de son propriétaire.

Jardin partagé.
Un jardin partagé est une portion de terrain qu’un propriétaire accepte d’offrir à d’autres personnes pour qu’elles puissent la cultiver pour leurs propres besoins. Ce type d’initiative permet de donner accès à un espace pour cultiver un potager à des personnes n’ayant pas de terrain cultivable. Il existe des réseaux permettant de mettre en lien les personnes acceptant de prêter une part de leur terrain et celles qui désirent avoir accès à un espace de culture. En bout de ligne, il s’agit d’une occasion intéressante de faire des rencontres entre personnes d'un même quartier.

Parc public.
Un parc public, ou jardin public, est un espace vert au cœur de la ville géré par l’administration municipale. Il est conçu pour créer un lieu de verdure pour les habitants d’un quartier et contient parfois des équipements pour permettre la pratique d’activités sportives. On y retrouve généralement des arbres, de la pelouse, des bancs publics, des platebandes fleuries et des modules de jeux pour les enfants. Par contre, on n’y trouve généralement pas de culture potagère. Il s’agit d’un lieu public permettant aux habitants d’un quartier de se croiser.

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Garden at the KK Triangle
Potager libre-service.
Le potager libre-service est une catégorie à part, soutenue notamment par le mouvement des Incroyables comestibles (Incredible edible), qui consiste à planter des légumes et des plantes comestibles devant la maison ou dans des pots déposés dans un lieu public, et d'inviter les citoyens à se servir gratuitement de la production de ces plantes. Il s'agit généralement de pots, de bacs ou de platebandes de petite taille, mais c'est par la multiplication de ces initiatives que le mouvement peut engendrer des villes qui offrent un vaste potager libre-service à ses citoyens. Ce geste consiste donc à produire de petits espaces de culture potagère, chacun étant cultivé par une ou quelques personnes, dans un espace ouvert avec une récolte libre et partagée.

Jardin communautaire
Les jardins communautaires, familiaux, ouvriers ou associatifs ont une longue histoire. Ils ont contribué à créer des espaces de culture potagère au cœur des villes en des temps difficiles. La forme et la gestion de ces espaces varient énormément selon les jardins et les pratiques de chaque pays. On considère qu’un jardin communautaire est généralement géré par une association à but non lucratif et qu’il distribue de petits lots délimités à des familles. Chaque lot est cultivé individuellement et chacun récolte sa propre production. Cette approche permet de cultiver des légumes frais à des personnes ne disposant pas d’un terrain et permet la rencontre entre les citoyens qui fréquentent le jardin.

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Springfield Community Garden, Jacksonville, FL, U.S.
Jardin collectif.
Les jardins collectifs se sont particulièrement développés au cours de la dernière décennie. Un jardin collectif est un espace commun de jardinage dont la culture est assurée conjointement par un groupe d’individus. La récolte est généralement partagée entre les participants qui contribuent aux soins du jardin durant tout l’été. La gestion d’un jardin collectif est souvent soutenue par des organismes communautaires, des écoles et des administrations municipales, qui mettent l’espace à disposition pour un groupe de personnes. Plusieurs activités peuvent se greffer à un tel jardin, notamment une mission d’éducation à l’horticulture et une contribution à la sécurité alimentaire des habitants lorsque la récolte est redistribuée à des organismes de bienfaisance.

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Bidwell Community Garden
Jardin de quartier.
Une nouvelle forme de jardin commence à voir le jour pour agir comme vecteur du développement de la vie d’une communauté, on peut la nommer « Jardin de quartier ». Un tel jardin constitue un projet global au service des habitants d’un quartier. Il vise à la fois à cultiver ensemble, à partager la production, à appuyer des projets éducatifs, à soutenir la sécurité alimentaire des habitants du quartier, tout en fournissant un environnement agréable qui contribue à la réduction de la pollution atmosphérique, en fournissant des espaces d’ombre pour lutter contre les îlots de chaleur urbains. Un jardin au cœur d’un quartier qui donne envie de se promener, de rencontrer ses voisins, de cultiver l’abondance. Bref, il s’agit d’un jardin qui rassemble de nombreuses composantes et qui peut devenir un puissant outil de développement du lien social au sein d’une communauté, un moyen pour créer le sentiment d’appartenance et pour stimuler la vie de quartier.

L’émergence d’un jardin collectif provient du désir d’un groupe de personnes à cultiver ensemble et de décider de la distribution des récoltes, soit entre les participants, soit données à des organismes ayant pour mission la sécurité alimentaire. Pour leur part, les platebandes de plantes potagères à accès public embellissent un quartier et consolident la notion de partage entre citoyens. Pour soutenir la formation du lien social en sein d'une communauté, il est essentiel de créer des jardins au cœur du milieu de vie des citoyens et de créer un environnement propice à la participation de tous. Il faut s’inspirer de toutes ces initiatives et tirer profits de chacune d’elles pour définir une solution spécifique à chaque communauté, un jardin à l’image des habitants de chaque quartier.

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